Rapport de la cour des comptes

25 mai 2025 Par admin2559 Non

Dans un contexte de restrictions budgétaires où l’état cherche par tous les moyens à économiser 40 milliards d’euros, la cour des comptes publie une étude sur le système scolaire actuel et émet des recommandations que, déjà, le ministère a saisi à bras le corps. Étrange coïncidence où certains pourraient y voir une collusion entre une juridiction sensée être indépendante et un gouvernement en quête de soutien.

Dans un rapport de 120 pages (du 20/05/2025), l’on apprend que rien ne va et que la France est pratiquement la dernière dans toutes les matières. Il semble donc évident que des réformes doivent être mises en place. Plus la ficelle est grosse, mieux cela fonctionne. La cour des comptes tend les plats au gouvernement qui pourra présenter le menu de ses nouvelles lubies. Le communiqué de presse qui est destiné à vendre la dite soupe fait étalage de mesures qui, comme par hasard, ne parlent jamais d’économies mais, déleste toujours le gouvernement de ses obligations et les relaient aux collectivités locales (semaine des 4,5 jours avec à la clé le coût des activités périscolaires pour les municipalités) ou de mesures managériales (nouveau statut des directeurs) auxquelles le corps enseignant est très majoritairement opposé et qui ne concerne en rien la pédagogie et l’amélioration des résultats scolaires.

Alors, pour ne pas perdre un temps précieux étant donné la duplicité des méthodes bien connues des derniers gouvernements (dans, il faut le rappeler, l’école de la confiance), une critique du seul communiqué de presse sera largement suffisante pour constater la médiocrité de la carte qui nous est présentée.

  • En premier lieu, les recommandations sur les usages pédagogiques ont toujours eu lieu, en quoi ce nouveau gouvernement et ce nouveau ministre (qui n’a aucune expérience en matière d’éducation) va bouleverser la donne ?
  • Ensuite , en quoi l’évolution du statut des directeurs est une solution à l’échec scolaire et non une considération managériale destinée à calquer un fonctionnement de performance économique issu du monde des entreprises dans une institution où la notion de profit n’a rien à faire ? De plus, ce paragraphe est élaboré en des termes vagues (gouvernance scolaire, management, fort usage du conditionnel), péremptoires « le système des décharges devenu obsolètes » (ah bon? // « non respecté par l’administration et en quantité insuffisante étant donné l’augmentation de charge de travail » aurait été plus approprié), et contradictoires , on parle de « dialogue structuré avec les autorités académiques » alors que l’on sait bien que le dialogue est toujours descendant et que la base n’est écoutée que lorsqu’elle contraint l’administration (on pense notamment aux protestations contre les fermetures d’école). Pour finir, on y évoque un conseil d’évaluation, organe qui serait par nature issu de l’échelon national ou académique et qui jugerait de décisions locales puisque la décentralisation est désormais souhaitée. Là encore, la contradiction est de mise.
  • Aussi, le rapport signale que l’échec scolaire est dû à des inégalités sociales. Ne s’agirait-il donc pas de trouver des solutions politiques et non scolaires à ces inégalités ? L’école n’étant que le reflet de la société (que les politiques construisent).
  • Les experts continuent et soulignent l’importance d’une éducation précoce de qualité. Pourtant, depuis plusieurs années, l’accueil des 2-3 ans est une réalité mais peut-on parler de qualité quand aucun programme ne leur est attribué ? Quand ces élèves ne sont pas comptabilisés dans les effectifs et participent à la surcharge des classes ? Quand des enfants, qui ne sont pas propres, accaparent les ATSEM au détriment des activités scolaires ?
  • En ce qui concerne la semaine des 4, 5 jours, le gouvernement est-il amnésique ou nous prend-il pour des imbéciles ? Pendant l’année scolaire 2012/ 2013, une grande concertation nationale avait été tenue sur le même sujet. Et à l’issue de celle-ci (et contre l’avis de la majorité des enseignants), la loi du 8 juillet 2013 avait été promulguée. Il y avait été décidé de donner la priorité à l’élémentaire avec l’augmentation du nombre d’enseignants (les fameux 60.000 sur 5 ans), la mise en place du dispositif PMQC et le dédoublement des classes. Alors, pourquoi refaire un débat sur le même sujet alors que l’on connaît déjà les réponses et que celles-ci ont été invalidées au fur et à mesure des années par le pouvoir en place actuellement et qui s’étonne de l’échec de sa politique ???
    En 2013, déjà, selon la même loi, la semaine des 4,5 jours était préconisée. Dans les faits, on assista alors à la reculade du gouvernement, car il y eut un tôlée des municipalités à qui les considérations budgétaires et financières de la mesure avaient été reléguées. Les enseignants, quant à eux, avaient dénoncé la profonde injustice de cette mesure étant donné qu’elle renforçait les inégalités puisqu’il existe de fortes disparités financières en fonction des lieux d’exercice. Enfin, lors de cette « concertation », le procédé de l’utilisation des chronobiologistes (experts bien utiles qui vont dans le sens du gouvernement), destiné à faire taire les enseignants avait été utilisé (en matière de rythmes scolaires qui des deux est le plus qualifié ?). Pourtant, en termes d’éducation, qui peut être mieux placé que les enseignants? Ceux-ci, contrairement aux chronobiologistes, prenant en considération l’ensemble des facteurs ayant trait à l’organisation des rythmes scolaires.
  • Quant au troisième paragraphe sur la baisse attendue des effectifs, il ne dit rien, si ce n’est qu’il laisse bien comprendre qu’étant donné qu’il y aura moins d’enfants, il y aura besoin de moins d’enseignants.
  • Pour terminer, il est dénoncé l’insuffisance du budget alloué à l’école primaire qui serait un des principaux facteur d’échec. Si tel est le cas, ne suffirait-il pas d’augmenter le budget en question, si, comme le clame le gouvernement, il s’agit d’une priorité nationale pour l’avenir de la France?